dimanche 9 mars 2014

Du courage,



Il a fallu expliquer la Saint-Valentin. Plus que dire que c’est la fête des amoureux, il a fallu expliquer que ce jour-là dans l’année, on prend le temps de penser à ceux qu’on aime : à nos amours, à nos amitiés.
Mes petits gars avaient envie de faire quelque chose, chacun pour son amoureuse. Je leur ai proposé de leur faire un dessin, mais devant ce manque de créativité, ils se sont insurgés : « on a en a déjà fait». 
Clairement, la Saint Valentin telle que je l’avais expliquée méritait plus qu’un acte courant.Après un brainstorming familial, le cahier des charges se résumait ainsi :
  •       une forme de cœur
  •       confectionné soi même (a contrario d’acheté)
  •      joliment emballé.

Et la conclusion est vite tombée : des biscuits en forme de cœur.

J’ai du acheter les emporte-pièces ad hoc, car nous en avons toute une panoplie mais plutôt sur le thème de Noel (et encore parmi se trouvent un crocodile, un kangourou, un kiwi et une forme d’Australie…). Et le mercredi, cuisine, cuisson et décoration. Chaque biscuit est une objet unique, de perles de couleur, d’étoiles en sucre, de glaçage,…
Quelques pièces rangées dans un écrin (une boîte en carton), délicatement posée sur une serviette en papier (imprimés de Noel, je suis une mère indigne, je n’ai pas pensé à tous les détails).
L’écrin entouré d’un ruban (violet, c’est ce que j’avais de plus fille : « tu n’as pas des rubans cœurs ? » argh !), et décoré aussi de façon unique avec des gommettes de fleurs et de coeurs (ouf, j’en vais quelques uns), sans le moindre pirate, voiture ou monstre pourtant tentant en guise  de décorations.
Mes gars ravis de leur production qui vont se coucher avec des éclats dans les yeux, contents d’eux et de la promesse que ça porte.

Vendredi 14 février au matin, je vois arriver mon plus grand gars, la mine encore endormie dans la cuisine « je crois que je vais pas y arriver à lui donner la boîte ».
Je crois que je vois bien le problème. Je sens la crainte, l’angoisse, la peur, la difficulté et finalement la somme de courage que cela demande.

J’y ai pensé toute la journée et mon iMari aussi. A coup de iPhone, nous avons partagé nos interrogations et nos souhaits pour nos garçons avec leur boîte de biscuits.
Vont-ils y arriver ?
Cette boîte est si amoureusement décorée, confectionnée, elle porte à elle toute seule toutes les déclarations dont ils sont capables du haut de leurs (très) jeunes années. On s’inquiète en imaginant des filles pas très délicates, ce qui pourrait dévaster leurs relations aux filles pour les 20 ans qui viennent.
Les deux histoires se terminent bien. Le grand l’a fait donner par sa sœur, et a échangé des petits mots avec l’heureuse élue. Petits mots qui sont désormais rangés dans sa boîte à trésor.
Le petit a eu droit à un bisou, et il en a donné un en retour « vous m’aviez dit de le faire» et il s’étonnait que « son cœur battait très fort, comme quand il va à la piscine ».

Il s’agit bien de courage, il s’agit bien d’affronter sa peur.

Et nous en tant qu’adulte quand sommes nous courageux avec nos déclarations ?

L’année où j’ai habité Leeds (UK), j’ai apprécié la Saint Valentin pour la simplicité du protocole proposé : on donne une «Valentine’s » à ses amis, à ses amours.
Et finalement, c’est une belle déclaration ; à l’époque il ne s’agissait pas d’e-mail. Sa Valentine’s card  pouvait être achetée, confectionnée, confiée à la poste ou donnée en main propre.
C’était l’instant entre amis.

J’ai des amis que je traîne depuis longtemps, qui m’entraînent depuis longtemps. Que j’aime depuis longtemps. Mais à qui je n’envoie jamais de Valentine’s.

Je les reconnais facilement, c’est ceux avec qui je retrouve le fil de la conversation là où je l’ai laissé. Même si c’était il y a un an, voire 6, voire plus encore parfois.
C’est exactement à ça qu’on les reconnaît.
La vie nous chahute, elle nous trimballe d’un côté, de l’autre de la planète, d’un côté ou de l’autre des rêves qu’on avait faits.
Je ne suis pas la plus sédentaire d’entre tous, ni la plus connectée, ni la plus pendue à mon téléphone. Mes amis savent que j’écris bien plus que je ne téléphone, mais pas forcement de Valentine’s.

Et pourtant j’ai quelque chose du renard dans le Petit Prince, quand je vois les blés jaunes je pense à quelqu’un.
Je ne peux pas lire un bouquin sans penser à qui il plairait, écouter des musiques sans faire le lien avec certains, des situations en convoquent d’autres, une bière ou un sujet peuvent me ramener des années en arrière…

Vous vous reconnaissez. Ce billet est pour vous.

C’est ma Valentine’s, une forme d’ode à l’amitié qui ne dit pas son nom.

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