mardi 7 octobre 2014

A l'enterrement d'une feuille morte,








A l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots s'en vont
Ils ont la coquille noire 

Du crêpe autour des cornes 

Ils s'en vont dans le soir 

Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent 

C'est déjà le printemps.
Jacques Prevert




Quand moi je suis arrivée, ce bel après midi d’automne, hélas ce n’était pas le printemps. C’était bien un enterrement.
Je n’y suis pas allée en noir non plus, j’y suis allée habillée comme j’étais, colorée, une écharpe de soie orange en signe de ralliement comme il avait été suggéré.
J’y suis allée, alors que j’aurai bien voulu l’éviter.
J’aurai voulu éviter la peine, les larmes, l’au revoir.
J’aurai voulu éviter l’évocation de ce qui ne sera plus, ceux qui pleurent et ceux qui se souviennent
J’aurai voulu éviter les mouchoirs, les petits cœurs à l’entrée, les « reminders», les fleurs que je n’ai pas apportées
J’aurai voulu éviter mon manque de courage de ne pas être passée la voir quand il était encore temps,
J’aurai voulu éviter de croiser le regard de son homme et la vision de sa fille en robe blanche,
J’aurai voulu éviter les souvenirs, les moments que j’ai partagés,
J’aurai voulu éviter mon chagrin.
En vérité, ce que j’aurai voulu éviter ce n’est pas l’enterrement. C’est qu’elle soit morte.

Mais c’est la vie. Et dans la vie je n’ai pas de super pouvoirs.
J’ai beau courir toutes les courses de France ou de Navarre pour la recherche contre le cancer, je ne fais que courir, je n’empêche rien.
Dans la vie,
on est seul quand on court,
on est seul dans son corps
on est seul avec sa peine.
Son homme est seul avec la sienne, sa fille aussi et elle grandira avec.
Quelle que soit la mienne, je ne porte que la mienne, je ne peux pas prendre une partie de la leur, ni de personne d’ailleurs.
Je peux juste pleurer avec eux et avec d’autres.

Et si mes yeux ne pleurent plus, mon coeur chouine encore.

« Mais là haut dans le ciel
La lune veille sur eux»

J’aime à croire que le « eux », c’est nous.




1 commentaire:

  1. Je suis très touché par ton billet, j'y repensais en lisant ceci : http://psychoactif.blogspot.fr/2014/10/en-age-de-mourir.html

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